Vous connaissez sûrement les 4 fameux modes d’exposition P A S M de la plupart des appareils photos, mais en fait il en existe beaucoup plus et on va tous les voir ensemble, et pour chacun, dans quels cas il peut servir ou non. Je vais commencer par les modes plus classiques pour ne pas perdre les débutants, mais on verra aussi les modes plus subtils pour les photographes avancés. Bref, on va faire un tour bien complet de vraiment tous les modes d’exposition, et à la fin de la vidéo vous devriez avoir j’espère amélioré votre boîte à outil photographique !
Avant tout, quand on parle de mode d’exposition, de quoi on parle ? On parle de comment vont être choisis chacun des trois paramètres qui déterminent l’exposition d’une image. Si c’est pas clair pour vous, j’ai fait une vidéo plus générale sur l’exposition qui est vraiment destinée aux débutants. Je vous la mets là, allez la voir et on se retrouve juste après. Si c’est clair pour vous, on continue !
Le mode d’exposition le plus simple, par lequel beaucoup commencent c’est le mode automatique. Dans ce mode, l’appareil règle l’ouverture, le temps de pose et les ISO tout seul. Et il va généralement régler tout seul d’autres paramètres, mais c’est pas le sujet aujourd’hui. Dans quel cas l’utiliser ? Ben tout simplement quand on ne sait pas trop comment régler son appareil photo. Comme ça on peut se concentrer sur le reste, sur son sujet, sur l’action, sur la composition, etc. Les appareils récents ont tous des systèmes d’analyse de la scène qui vont essayer de déterminer ce que vous prenez en photo et régler l’appareil au mieux. Ça marche généralement plutôt bien, et il vaut mieux une photo réussie en mode automatique qu’une photo ratée à cause d’un appareil mal réglé comme on le verra dans le mode suivant. Le problème du mode automatique c’est que vous perdez toute option de choix créatif, l’appareil photo fait des choix, souvent corrects, mais ce ne sont pas vos choix. Le deuxième problème, plus terre à terre, et je l’ai constaté sur toutes les nombreuses marques que j’ai testé : dès que la lumière vient à manquer, le mode automatique prend toujours beaucoup de risque avec le temps de pose, ce qui génère souvent des images floues.
Ensuite le deuxième mode c’est le mode P, c’est un mode un peu bâtard puisque comme en mode automatique, l’appareil règle lui-même l’ouverture, le temps de pose et les ISO, mais on va pouvoir ensuite modifier le réglage qu’il propose en tournant une molette. L’appareil va alors modifier le couple ouverture/temps de pose qu’il avait choisi, mais en même temps, il ne nous laisse pas complètement la main non plus. Ca peut être rassurant pour les débutants, pour faire un premier pas vers les modes semi automatiques qu’on va voir un peu plus loin, parce que le mode P empêche un peu de faire n’importe quoi et d’avoir une image mal exposée, mais en même temps il n’aide pas vraiment à comprendre les choses, donc je ne le recommande pas trop, autant passer directement au mode priorité ouverture par exemple.
Le troisième mode, et pour moi le pire de tous, c’est le mode ISO fixe. C’est comme le mode automatique, on laisse l’appareil fixer l’ouverture et le temps de pose mais on va soit-même fixer les ISO. On peut aussi faire la même chose avec le mode P j’imagine. C’est le mode d’exposition du photographe qui vient juste de découvrir comment ça marche les ISO, et ce que ça fait sur les images, mais qui n’a pas encore bien compris comment marche l’exposition en général. Dans ce mode, on va fixer les ISOs, généralement au plus bas parce qu’on veut éviter le bruit numérique, tout en laissant l’appareil se démerder avec cette contrainte. Le problème c’est que si l’appareil manque de lumière, il va rapidement régler l’ouverture au max de l’objectif peut ouvrir, et après, vu qu’on a fixé les ISO, il n’aura plus que le temps de pose pour essayer d’obtenir une exposition correcte. Donc en intérieur, l’appareil va allonger le temps de pose et c’est la garantie d’avoir des photos toutes floues. Et en extérieur en journée, ça ne fait pas de mal, mais ça ne sert à rien non plus, puisque de toute façon en mode automatique l’appareil baisse lui-même les ISO. Donc en général, un mode à éviter, sauf si vous savez vraiment pourquoi vous l’utilisez. Deux cas où ça ne serait pas complètement déconnant d’utiliser le mode ISO fixe, c’est sur trépied, où là on peut se permettre de monter en temps de pose, mais ce cas là autant en profiter pour régler l’ouverture par exemple et se mettre en mode vitesse auto qu’on va voir juste après. L’autre utilisation que j’ai rencontré, c’est de fixer les ISO plus haut, par exemple à 6400 ISO, parce qu’on sait qu’on manque de lumière, comme ça l’appareil va pouvoir conserver des temps de pose plus courts. Mais si on sait qu’on a besoin de temps de pose plus courts, autant le régler directement sur l’appareil via le mode priorité vitesse par exemple. Bref, un mode à éviter.
4. Le mode priorité ouverture, noté A pour Aperture en anglais. Comme son nom l’indique, notre priorité là ça va être de contrôler l’ouverture, généralement parce qu’on veut contrôler la profondeur de champ, que ça soit par exemple pour avoir un flou d’arrière plan ou au contraire pour s’assurer une grande zone de netteté. Dans ce mode, on laisse l’appareil gérer les deux autres paramètres : temps de pose et ISO. C’est le mode idéal pour apprendre à utiliser la profondeur de champ. C’est un mode qui convient à beaucoup de situations et qui est à la fois assez facile à prendre en main, donc un mode idéal pour progresser, mais qui peut aussi être utilisé par des photographes qui maitrisent bien leur appareil. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, ce n’est pas le mode idéal quand on manque de lumière, parce que le problème du mode priorité ouverture, sa limite, c’est que quand l’appareil manque de lumière, on ne sait pas vraiment ce qu’il va choisir de faire entre augmenter le temps de pose ou monter les ISO. Et ça ça peut être un peu dommage, si on monte les ISO pour rien, on va avoir du bruit qu’on aurait pu éviter. Et ça peut être catastrophique si l’appareil augmente trop le temps de pose alors qu’on a du mouvement, du sujet ou du photographe, on va avoir des photos floues. Pour éviter ça, il va falloir se tourner vers les modes suivants.
5. Le mode vitesse automatique, ou temps de pose automatique. Comme son nom l’indique, on va laisser l’appareil photo régler le temps de pose, et par contre on va fixer soi-même l’ouverture et les ISO. On va généralement régler les ISO au minimum et donc laisser l’appareil augmenter le temps de pose autant que nécessaire pour avoir une photo bien exposée. C’est donc un mode d’exposition qui va être adapté quand on a pas ou peu de contraintes sur le temps de pose, donc quand on shoot des sujet immobiles ou presque et qu’on est sur trépied. C’est idéal quand on fait de la photo de produit, ou de l’immobilier par exemple. C’est ce mode qu’on va utiliser quand on fait du bracketing d’exposition, comme ça on conserve la même profondeur de champ entre les photos et on a la meilleure qualité d’image possible grâce aux ISO réglés au minimum. Le mode vitesse automatique convient finalement à toutes les situations où rien ne bouge, ou alors que le flou de mouvement n’est pas un problème. Sachant que si on veut ajuster visuellement l’exposition on va pouvoir indiquer à l’appareil qu’on veut une image un peu plus claire ou plus foncée via la compensation d’exposition, tout en le laissant se débrouiller pour ajuster le temps de pose avec ces infos. On n’est pas obligé de régler les ISO au minimum non plus, si ça génère un temps de pose trop long. C’est souvent ce mode que j’utilise en photo immobilière par exemple. Je règle par exemple l’ouverture sur f/8 et les ISO sur 800, ce qui permet d’accélérer grandement la prise de vue sans perte de qualité significative. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, le mode temps de pose automatique n’est en général ’idéal en photo de paysage. Il vaudra mieux utiliser le mode suivant.
6. Hop, merci pour la super transition. Le mode suivant c’est une variante du mode priorité ouverture, c’est le mode priorité ouverture avec vitesse minimale. C’est le mode ultime en reportage, parce qu’il réunit le contrôle de l’ouverture qu’on a en mode priorité ouverture pur mais aussi la sécurité sur le temps de pose qu’on peut avoir en mode manuel. Le principe : 1) on règle l’ouverture, comme en priorité ouverture. 2) On laisse les ISO en automatique et 3) c’est sa particularité, on indique à l’appareil photo en dessous de quelle vitesse on ne veut pas aller. Et si on règle ça bien, c’est magique, on ne peut jamais sous-exposer ou sur-exposer une photo par erreur : s’il y a beaucoup de lumière, l’appareil photo va mettre les ISO aux minimum puis ensuite réduire le temps de pose comme il faut pour avoir une photo bien exposée. Si au contraire la lumière diminue, il va augmenter le temps de pose jusqu’à atteindre la limite qu’on lui a fixé, par exemple 1/250ème de seconde. Et s’il a encore besoin d’augmenter l’exposition, il va monter les ISO autant qu’il faut. C’est extrêmement pratique en reportage où il faut être très réactif si la lumière peut changer très rapidement, comme une sortie d’église en mariage par exemple, où on passe en quelques secondes d’un intérieur très sombre au plein soleil. Ou en photo de concert, où la lumière peut changer du tout au tout selon les spots. Quand on shoot à main levée, on va aussi pouvoir régler la vitesse minimum en fonction de la stabilité qu’on est capable de fournir. C’est aussi un mode très utile en photo de paysage, parce qu’en photo de paysage on a en fait jamais rien du tout qui bouge, donc de mode vitesse automatique qu’on a vu juste avant est risqué. On va toujours avoir les nuages qui bougent, les arbres aussi, en photo de nuit les étoiles aussi tournent par rapport à nous, etc. Bref, même sur trépied, on peut rarement se permettre d’augmenter autant qu’on veut le temps de pose. Ajouter une vitesse minimum ou un temps de pose maximal (c’est pareil) permet d’éviter d’avoir du flou de mouvement involontaire. C’est le mode que j’utilise le plus souvent au quotidien et sur lequel je laisse mon appareil photo réglé quand je le range, pour qu’il soit immédiatement prêt à shooter dans n’importe quelles conditions si besoin.
7. Allez, on abandonne les variantes du mode priorité ouverture pour passer au 7ème mode d’exposition : le mode priorité vitesse. Mode dans lequel, on va régler nous-même, vous l’aurez deviné, la vitesse d’obturation ou plutôt le temps de pose, puisque c’est bien un temps – une durée quoi – qu’on va régler. Et on va laisser à l’appareil le soin de régler l’ouverture et les ISO. C’est un mode qui peut être utilisé en basse lumière puisqu’on va pouvoir régler la vitesse en fonction du sujet, pour éviter du flou de mouvement, et que l’appareil va si besoin ouvrir au max l’objectif, et s’il manque encore de lumière il va monter les ISO. L’avantage par rapport au mode précédent, c’est qu’on va pouvoir très facilement ajuster la vitesse en fonction de l’action, généralement simplement avec une molette, sans aller dans des menus. Par rapport au mode ISO auto qu’on verra après, il a l’avantage d’être quasiment sans risque même si la lumière augmente soudainement. C’est aussi un mode utile en vidéo si la priorité c’est d’avoir un beau flou de mouvement constant. Attention, que ça soit en photo ou en vidéo il faut quand même avoir en tête qu’en extérieur en journée il risque d’avoir trop de lumière et que l’appareil soit alors obligé de fermer énormément l’objectif, ce qui va dégrader l’image, ou même que fermé au max ça soit insuffisant et que l’image soit sur-exposée. C’est pour ce genre de cas qu’on utilise des filtres ND. Si ça vous intéresse, je vous conseille mon excellente vidéo sur le sujet ! Autre exemple où la vitesse d’obturation est plus importante que tout le reste, c’est quand on prend en photo des véhicules en mouvement : si la vitesse est trop faible, ils seront complètement flou. Si au contraire la vitesse est trop rapide, ils seront parfaitement figés mais même trop nets, en particulier au niveau des roues et on ne va pas avoir la sensation de vitesse qu’on cherche généralement dans ces photos. La limite du mode priorité vitesse c’est qu’on ne sait pas vraiment comment l’appareil va choisir entre jouer sur les ISO et l’ouverture, et donc on perd le contrôle sur le profondeur de champ, ce qui peut parfois être gênant.
8. Si on fixe la vitesse et les ISO on va se retrouver en mode ouverture automatique : l’appareil photo va régler tout seul l’ouverture. Les cas d’utilisations sont à peu près les mêmes que précédemment, sauf qu’on a plus les ISO comme sécurité si la lumière vient à manquer. Et comme l’ouverture est limitée des deux côtés par la physique de l’objectif, c’est vraiment un mode assez risqué. Donc à mon sens il a assez peu d’intérêt, et en y réfléchissant je crois que je ne l’utilise vraiment jamais.
9. Neuvième mode d’exposition dans ma liste du jour mais historiquement c’est le premier à avoir existé, c’est le mode manuel, tout simplement parce que pendant très longtemps c’était le seul mode disponible, les appareils photos ne possédant aucun mécanisme d’exposition automatique. Sauf que le numérique a semé la confusion autour de ce mode manuel et qu’il existe aujourd’hui en fait deux modes manuels différents ! Ceux sur quoi tout le monde est d’accord, c’est qu’être en mode manuel, ça veut dire qu’on fixe nous même l’ouverture et le temps de pose. En argentique la question de l’exposition est réglée puisqu’on a mis dans l’appareil photo une pellicule avec une sensibilité fixe de 400 ISO par exemple, et donc on a bien nos trois paramètres d’exposition de fixés : ouverture, temps de pose et ISO. En numérique c’est pareil si on fixe les trois paramètres d’exposition au niveau des réglages de l’appareil. Pour plus de clarté, pour éviter la confusion avec le suivant, je préfère l’appeler le mode full manuel ou mode totalement manuel. L’intérêt du mode totalement manuel est évident : on a le contrôle sur tous les paramètres, donc on fait absolument ce qu’on veut. L’inconvénient c’est que bien sûr comme on a aucune assistance, on peut facilement complètement rater l’exposition de ses photos. Et puisque l’appareil n’a plus aucun paramètre à sa disposition, on ne peut plus utiliser la fonction de compensation d’exposition non plus. Est-ce que c’est le MEILLEUR mode d’exposition ? Sûrement pas. Le meilleur mode d’exposition c’est celui dans lequel vous arrivez à prendre les photos que vous voulez, c’est tout. C’est quand même un mode qu’il est intéressant à maîtriser, parce que ça peut servir et ça permet de bien comprendre ce qui se passe dans les modes semi-auto, quitte à ensuite, en pratique, laisser la main à l’appareil sur certains paramètres. Il y a aussi des cas où on peut difficilement faire l’impasse sur le mode manuel, comme par exemple en astrophotographie ou quand on shoot avec un flash manuel, quand on veut faire de l’assemblage de photo, etc. En vidéo aussi c’est souvent aussi plus sûr d’être en mode manuel pour éviter les changements d’exposition au bon vouloir de l’appareil photo. Donc c’est un bon outil à savoir utiliser, mais surement pas à forcément à utiliser tout le temps. En mode full manuel c’est évidemment compliqué d’être réactif si la lumière change rapidement.
10. Dernier mode de ma liste : le mode ISO automatique. Ou manuel avec ISO auto. On va choisir l’ouverture et le temps de pose et on va laisser l’appareil régler les ISO. C’est un mode très intéressant puisqu’on va gérer les deux paramètres créatifs, esthétiques, ceux qui influent vraiment sur le style de l’image, mais qu’on va laisser l’appareil gérer la sensibilité ISO, qui est un paramètre subit en quelque sorte. On ne monte jamais les ISO pour le plaisir, on va toujours préférer les ISO le plus bas possible. Donc ce mode est idéal quand on shoot en basse lumière. L’appareil va monter les ISO comme il faut pour maintenant une photo bien exposée. Et on peut toujours utiliser la compensation d’exposition pour guider l’appareil sur l’exposition qu’on veut sur notre photo. Par contre si jamais on se retrouve d’un coup avec trop de lumière, l’appareil ne pourra pas descendre plus bas que les ISO minimum de l’appareil, et commes les deux autres paramètres sont fixés, on va donc cramer ses images. C’est pourquoi le mode priorité ouverture avec vitesse minimale peut être plus intéressant s’il y a un risque d’augmentation soudaine de la lumière. C’est le mode que j’utilise quasiment toujours en intérieur en soirée, dans des concerts sombres, ou dehors quand le soleil commence à se coucher par exemple. A priori peu de chance qu’il se relève d’un coup. Le mode ISO automatique permet d’être très réactif sur les paramètres créatifs puisqu’on a généralement l’ouverture sur une molette et le temps de pose sur l’autre, donc les deux au bout des doigts, alors qu’en mode priorité ouverture avec vitesse minimale il faut souvent passer par un petit menu.
Avec ça on a fait le tour des 10 modes d’exposition, et comme vous l’avez compris, il n’y en a pas un meilleur que les autres. C’est intéressant de les connaître pour savoir qu’ils existent comme des outils dont on peut choisir le plus adapté selon la situation ! Et vous, quels sont les modes d’expositions que vous utilisez le plus ? Dites moi ça en commentaires, ça m’intéresse ! Et si cette vidéo à la fois théorique et pratique sur la photo vous a intéressé, partagez là, ça aide énormément à faire connaitre la chaine. Je vous mets aussi d’autres vidéos dans le style qui devraient aussi vous intéresser ici et là, et abonnez-vous pour ne pas rater les prochaines ! D’ici la prochaine, je vous dis bonnes photos, dans le mode que vous voulez !