Après de nombreuses années à utiliser du matériel Fujifilm, et après avoir pas mal hésité, j’ai décidé, un peu à contrecœur, de changer de marque pour passer sur des boitiers Sony. Aujourd’hui je vous explique pourquoi je voulais arrêter le matériel Fujifilm, pourquoi j’ai choisi de partir sur Sony, ce que j’ai gagné et ce que j’ai perdu au change et les mauvaises surprises de ce changement.
Déjà pour commencer il faut dire que j’étais globalement satisfait de mes appareils Fuji, et que si j’avais dû continuer à m’en servir, ça aurait bien sûr tout à fait été possible et ça n’aurait pas été la fin du monde du tout. Et si vous avez du matériel Fuji et que vous en êtes pleinement satisfait, n’achetez rien d’autre, continuez à vous en servir le plus longtemps possible ! Mais de mon côté il y avait quand même quatres points sur lesquels il avait a priori vraiment mieux ailleurs et ça commençait à faire beaucoup. Voici donc pourquoi je voulais changer.
1. Le premier point, c’est l’autofocus. Quand je suis passé chez Fuji, c’était à l’époque du X-T2, et son autofocus, sans être le meilleur du marché, n’en était quand même vraiment pas très loin. Je suis ensuite passé sur des X-T3, et là encore, niveau AF, on n’était pas au top du top, mais pas loin du tout. Sauf qu’à partir de là, Sony puis ensuite Canon on fait d’énormes avancées niveau autofocus, que Fuji n’a jamais réussi à rattraper, même aujourd’hui sur ses derniers boitiers. Et comme je shoot très majoritairement en autofocus, ben avoir le meilleur autofocus possible, c’est vraiment un point important pour moi.
2. Le deuxième point qui a motivé mon changement, c’est la question du poids. Fuji c’est de l’APS-C, donc a priori plus léger et plus compact que du plein format. Et c’était bien le cas il y a quelques années. Sauf qu’en fait aujourd’hui ce n’est plus vrai ; dans beaucoup de cas, on peut avoir plus léger en plein format qu’en apsc. Déjà niveau boîtier, il n’y a quasiment aucune différence de poids ou de dimensions. Pire, les boitiers X-H sont maintenant plus lourds et plus gros que les plein formats compacts comme les Sony Alpha. Et quelques exemples d’objectifs: Niveau ultra grand-angle, que j’utilise beaucoup, un Sony A7 IV avec un 16-35 f/4 c’est 1070g. L’équivalent chez Fuji c’est par exemple un X-T3 avec un 10-24mm F/4 et c’est 1023g, soit même pas 50g de moins. Sauf que j’ai un stop de lumière en plus sur le Sony. Ah au fait, comme on va plusieurs fois comparer de l’APS-C et du plein format dans cette vidéo, je vais parler en équivalent plein format, pour les focales, ouvertures et ISO. Si jamais c’est pas parfaitement clair je vous invite vraiment à regarder cette vidéo avant, c’est la meilleure sur le sujet, et je suis parfaitement objectif puisque c’est moi qui l’ai faite !
Niveau zoom télé-objectif, un fuji 50-140 f/2.8, excellent objectif de la gamme pro, équivalent à un 75-210mm f/4, ben il pèse 1050g. Son équivalent Sony, le 70-200 f/4, pèse 840g, soit 200g de moins. Et Canon a même réussi à faire un 70-200 f/2.8 à 1070g. Donc même poids mais avec un stop de plus en plein format.
Bref, je pourrais multiplier les exemples, dans de nombreux cas, en plein format on arrive à avoir l’équivalent en plus léger, ou plus lumineux pour le même poids, ou encore mieux, le choix entre les deux.
3. Et c’est ce qui m’amène à ma troisième raison de changer : l’offre d’objectifs en général, et en particulier l’offre d’objectifs tiers. Fuji propose une gamme d’objectifs très complète avec beaucoup d’objectifs de qualité, mais la gamme est vieillissante et se renouvelle très lentement. Il y a depuis peu quelques objectifs de constructeurs tiers comme Sigma, Tamron ou Viltrox qui sont disponibles en monture Fuji et qui offrent des options très intéressantes, mais l’offre reste quand même nettement plus limitée qu’en monture E. En monture E il y a énormément de choix allant de l’objectif pro ultra qualitatif à des objectifs beaucoup plus entrée de gamme, on trouve des objectifs avec des plages focale originale comme le Tamron 35-150. Il y a beaucoup de choix en ultra grand angle, y compris en zoom, alors qu’il n’y en a quasiment pas chez Fuji. Bref ce grand choix d’objectif pour boitiers Sony permet vraiment de se faire un parc d’objectifs adaptés à ses besoins.
4 Sur la montée en ISO, mon quatrième point, ça a toujours été une frustration chez Fuji depuis que j’avais découvert qu’elle était un peu mensongère. Et là encore, elle a stagné chez Fuji. Déjà à technologie égale, un capteur plein format capte deux fois plus de lumière qu’un capteur aps-c, donc aura deux fois moins de bruit. Mais en plus la technologie des capteurs de Sony ou Canon est meilleure. Donc au final c’est plus qu’un stop de bruit en moins qu’on a.
Avant les ISO max n’avaient généralement pas beaucoup d’importance, de toute façon au max l’image était rarement exploitable. Sauf qu’aujourd’hui, avec les outils de réduction du bruit basés sur l’IA, on peut rendre utilisable une photo prise à des ISO extrêmement hauts.
Voilà donc pourquoi je voulais changer de marque, et donc passer sur du plein format, vu qu’il n’y a pas d’autre offre sérieuse en APS-C. Vu mes motivations, je pense que j’avais finalement deux choix : Sony ou Canon. Les deux sont au top niveau autofocus, possède un une bonne montée en ISO et des super objectifs. Pour les autres marques, je suis pas super optimiste sur leur avenir, désolé, donc c’était non. Donc pourquoi Sony plutôt que Canon ? Si on s’arrête au boitiers, Canon offre un rapport qualité/prix incroyable, bien meilleur que Sony. Sauf qu’un boîtier sans objectif, c’est un peu limité. Et Sony là à deux avantages en un : 1) la présence de constructeurs tiers en monture Sony permet d’une part un bien plus large choix d’objectifs que chez Canon 2) Et ça permet notamment des options nettement plus abordables que chez Canon. Canon propose des objectifs RF incroyables, mais les prix aussi sont incroyables chez Canon. Donc vu que j’ai immédiatement dû racheter 4-5 objectifs et que j’ai encore quelques un à acheter, c’était nettement plus rentable de payer le boîtier Sony un peu plus cher mais d’économiser ensuite sur les objectifs.
Avant de parler des mauvaises surprises, déjà quel bilan de ce changement de Fuji à Sony sur ces différents points de mes attentes ? Sur l’autofocus, clairement c’est le jour et la nuit. Là sur un gros évènement sur trois jours, j’ai fait plus de 4000 photos au Sony Alpha 7 IV, et j’ai dû avoir une dizaine, peut-être 20 max, photos loupées à cause d’un raté de l’autofocus. C’est rien du tout. Et en plus il y avait beaucoup de situations complexes, sombres, à contre-jour, avec du flare, etc. Alors attention, je compare un Sony A7IV avec un X-T3 et pas avec les derniers boitiers de Fuji, qui ont bien sûr un meilleur AF. Mais il n’est pas au niveau de celui de Sony, qui est non seulement meilleur, mais aussi mieux pensé en permettant le choix de la taille du collimateur en mode suivi ou bien le fait que si l’appareil perd la détection du sujet, il passe automatiquement en mode suivi, ce qui suffit dans la grande majorité des cas et permet de réussir les photos. Au pire on passe de juste de “parfait” en détection de sujet à “très bien” en mode suivi. Alors que chez Fuji ce n’est pas le cas.
Sur les choix d’objectifs, clairement je ne suis pas déçu ; c’est tellement pratique d’avoir autant de choix, de la gamme G Master à des objectifs très grand public, il y en a vraiment pour tous les usages et tous les prix. J’ai récemment acheté le Tamron 28-200 f/2.8-5.6 et j’en suis ravi. Alors qu’il y a quelques années ce genre d’objectifs polyvalents imposait de gros compromis sur la qualité optique et sur l’ouverture maximale, là aujourd’hui on un zoom x7 mais qui ouvre à 2.8 au grand angle et à 5.6 en fin de zoom, ce qui reste honnête, avec une bonne qualité optique, le tout pour 600g et 800 €. Pour un usage en basse lumière j’ai pris les zoom 2.8, etc. Bref, avoir autant de choix est vraiment très plaisant.
Sur la montée en ISO, là encore sur des situations de basse lumière, c’est le jour et la nuit, enfin plutôt la nuit chez Fuji et le jour chez Sony. Le dernier évènement que j’ai couvert était plus sombre que prévu, et j’ai parfois dû monter à 10 000, 20 000, 30 000 ISO même parfois, sans beaucoup d’espoir sur le résultat final. Et ben j’ai finalement pu exploiter et livrer ces images. Et pour certaines, via un passage dans un logiciel de réduction de bruit, le résultat est loin de ce j’imaginais possible il y a quelques années.
Autre bonne surprise : la rapidité sous Lightroom. Mon PC commence à dater, et j’ai constaté que la plupart des opérations courantes (y compris les panoramas ou les HDR, que j’utilise beaucoup), alors que pourtant les fichiers comportent 50% de pixels en plus.
Mon passage sur Sony m’a également permis de faire enfin quelque chose que j’essayais de faire depuis longtemps : transmettre en direct des photos en live au client lors d’un reportage. J’avais essayé pas mal de solutions différentes avec mes Fuji, mais rien qui ne fonctionnait de manière vraiment satisfaisante. Là, c’est directement intégré dans le boitier, on configure un FTP, des options de transfert, et … ça marche. Chez Fuji l’option n’est disponible que sur le X-H2S et en achetant un gros grip supplémentaire à 1000 € (FT-XH). Pour ce prix là, on a une prise réseau, sauf que moi ni le grip ni la prise réseau ne m’intéressent. Bref, assez incompréhensible que Fuji ne propose pas cette option de base dans tous ses boîtiers.
Dans le même ordre d’idée, la connexion avec l’appli sur mon smartphone fonctionne parfaitement, alors que c’était très très aléatoire sur X-T3. Bizarrement ça fonctionnait nettement mieux sur mon X-T20, que je mets en haut de ma perche de 5m.
Dernier point positif : la clarté de la gamme de boitier chez Sony. C’est super simple : 7R pour la photo, 7S pour la vidéo, 7 tout court pour l’hybride photo et vidéo, 9 pour le sport et 1 pour tout ça à la fois. Chez Fuji ça a toujours été incompréhensible : la gamme X-H était censée être les flagships, sauf qu’au final les X-T étaient mieux sur beaucoup de points. Depuis la 5ème génération, Fuji a clarifié un peu ça, en n’alignant pas totalement les performances du X-T5 sur celles du X-H2. Mais du coup on a plus le top de l’APS-C dans un boîtier compact et avec l’ergonomie des molettes Fuji, puisque le X-H est plus imposant et surtout est passé à l’ergonomie classique PASM. Il n’y avait plus le boitier idéal pour moi chez Fuji. Et en plus les prix devenaient comparables à ceux de nombreux boitiers plein formats.
Alors est-ce que tout est mieux chez Sony que chez Fuji ? Bien sûr que non, et on va voir maintenant mes déceptions ou mauvaises surprises en passant sur un appareil photo Sony.
Je viens d’en parler, mais l’ergonomie Fuji avec les molettes à la place des modes PASM, ben au final je préférai. J’avais dû m’y habituer quand je suis passé de Canon à Fuji il y a quelques années, et c’était assez facile dans ce sens là. Là repasser sur du PASM, ça n’a pas été très compliqué non plus, mais c’était moins agréable. Surtout que je shoot quasiment uniquement en mode A ou M, et que, pas de chance, il y a le mode S entre les deux sur la molette des modes. Et qu’il y a aussi les modes P et auto que je n’utilise jamais. Donc bon, cette molette n’est pas très adaptée à mon usage, alors que sur les X-T, j’utilisais énormément les modes de vitesse ou de bracketing.
Toujours au niveau des molettes, quasiment tous les objectifs Fuji ont une bague d’ouverture sur l’objectif, et c’est hyper intuitif, on veut changer l’ouverture, donc un truc qui est physiquement dans l’objectif, ben ça se passe sur l’objectif, comme avec les objectifs manuels. Sony le propose aussi maintenant avec ses objectifs récents, et c’est le cas sur mon objectif Sony, mais ce n’est pas encore le cas sur tous les objectifs, même Sony.
Et ce n’est pas du tout le cas sur les objectifs tiers de Tamron ou Sigma, ce qui est quand même regrettable, et assez peu souligné il me semble dans les différents tests. Du coup quand même quand j’ai le Sony 16-35 monté au final je laisse sur le mode A et je règle l’ouverture avec une molette comme pour les autres. Autre point négatif des zoom de Sigma, la bague de zoom est à l’envers par rapport à toutes les autres marques. Avec le recul j’aurais peut-être dû prendre le Tamron concurrent, juste pour ça, même si sur les autres caractéristiques le Sigma était mieux pour moi.
C’est pas une surprise, mais même les menus Sony nouvelle génération ne sont pas encore la panacée niveau clarté. Je dirai que finalement un Fuji dans les menus on va le personnaliser, alors qu’un Sony on va le configurer. Une fois j’ai eu un problème avec un X-T3 et il était repassé sur la configuration usine en plein reportage. En moins de 5 minutes j’avais remis l’essentiel de ma config pour continuer à bosser. Si la même chose m’arrive avec mon Sony, je ne sais même pas combien de temps il me faudrait pour refaire toute ma config tellement j’ai changé de trucs dans les menus et les boutons. C’est la force des appareil photos Sony d’être très personnalisables, mais en fait comme c’est quasiment obligatoire, long et chiant, ça peut aussi être vu comme une faiblesse. D’une manière générale, l’ergonomie et le plaisir d’utilisation sont pour moi meilleurs chez Fuji, et c’est quand même quelque chose d’assez important. Peut-être même plus que le résultat dans le cadre d’une pratique amateur.
Mais vraiment de loin ma plus mauvaise surprise suite à mon passage sur un Sony A7 IV, c’est l’ergonomie de la partie vidéo. Franchement ya rien qui va. Chez Fuji, c’est limpide. J’ai fait une vidéo relativement longue sur la config vidéo de mon X-T3, mais c’est pour expliquer l’effet des paramètres à ceux qui ne maîtrisent pas tous les aspects de la création vidéo. Les paramètres eux même sont hyper clairs et simples à configurer : on règle la résolution, le frame rate, le bitrate, quelques options de codec et de traitement d’image, etc. à chaque fois dans un petit menu, et voilà, ça marche exactement comme on veut.
Pour avoir bosser sur des Sony dans des studios de tournage je savais que c’était plus compliqué, mais je ne m’attendais pas à ce que ça soit à ce point là.
Je vais pas rentrer dans les détails de tout ce qui va pas, mais je vais vous citer rapidement les problèmes : au lieu d’utiliser les noms standards des codec, Sony utilise ses propres noms, en mélangeant résolution et codec, donc il faut apprendre à quoi correspond du XAVC HS, XAVC S-I, etc. Pareil il faut apprendre ou alors configurer les profils d’images qui n’ont pas du tout des noms clairs. Les fichiers vidéos sont enfouis au fond d’un sous dossier de la carte SD. Il y a plein d’options qui ne sont pas disponibles dans les menus en fonction des autres options choisies dans les autres menus, mais sans que l’appareil donne l’explication de pourquoi l’option qu’on veut n’est pas disponible. Le pire c’est par exemple les framerates, impossible de passer facilement de 24 à 25 ou de 25 à 30 images par seconde, il faut basculer l’appareil en mode PAL ou NTSC dans un toute autre menu, et ça va masquer certaines options. Pareil pour le choix du codec et pour plein d’autres trucs. Bref, il faut devenir un expert non pas en vidéo, mais un expert en menu Sony. Sur les appareils Fuji il n’y a quasiment aucune restriction, et le peu qu’il y a sont clairement indiquées.
Toujours niveau vidéo, l’appareil va vérifier la norme de la carte mémoire et empêcher l’enregistrement si la carte n’a pas la bonne norme, comme V60 par exemple. L’idée est louable, pour éviter que la l’enregistrement vidéo ne se coupe si l’appareil n’arrive pas à écrire assez vite sur la carte. Sauf que je trouve qu’il est trop restrictif. Donc là encore je préfère le fonctionnement sur Fuji, c’est-à -dire sans contrainte sur la norme de la carte. Si ça coupe ben ça coupe, et on sait que la carte n’est pas adaptée. Mais au moins c’est basé sur les performances réelles de la carte. Parce que parfois une carte sans norme V60 sera en fait suffisante, et inversement, une carte un peu ancienne va avoir perdu en performance et ne sera finalement plus adaptée au bitrate choisi.
Donc au final, quel bilan je tire de ce changement ? Globalement très positif, parce qu’en termes de résultats les photos sont là, et c’est quand même le plus important pour moi. C’est vraiment agréable d’avoir autant de photos exploitables, même en très basse lumière, même quand les mouvements sont complexes à suivre. Par contre, sur le terrain, il faut vraiment investir beaucoup de temps dans le boîtier avant d’avoir un vrai confort d’utilisation.
Je vous mets en vignette les vidéos dont j’ai parlé dans cette vidéo, et n’hésitez pas à venir discuter dans les commentaires, je suis ni un fanboy de fuji ni de sony, donc on devrait pouvoir échanger tranquillement entre créateurs !
A+
Très peu de maj de firmware. Nouveautés, y compris sur des appareils entrée de gamme, ne sont pas déployées sur les plus haut de gamme précédent.